Un mot de plus en plus fréquemment sollicité dans les réflexions sur les dynamiques inégalitaires entre le Nord et le Sud global est celui d’extractivisme. Pour le démystifier un peu, voici un court article qui en fera une très brève présentation. 

Premièrement, L’extractivisme consiste en l’exploitation massive des ressources de la nature ou de la biosphère. En tant que phénomène social, politique et économique, l'extractivisme n’est pas accidentel ou annexe au capitalisme. Il a été un facteur essentiel du développement historique de celui-ci, s’inscrivant pleinement dans le colonialisme et l’impérialisme occidental. L'accaparement des matières premières dans les pays du Sud global par les États du nord, est un rouage essentiel de la croissance économique. Encore aujourd’hui, il constitue une partie indispensable de son fonctionnement. Aujourd’hui, la configuration du capitalisme mondial contraint les pays du Sud, sous les impératifs des grandes entreprises transnationales et des organisations comme le FMI, à maintenir un modèle extractiviste dans lequel les activités économiques sont spécialisées presque uniquement dans l’exploitation et l’exportation des ressources naturelles ainsi que des matières premières. 

Le modèle extractiviste, qu’on retrouve particulièrement en Amérique latine, a des effets négatifs sur le plan économique, humain et écologique pour les pays pris dans ce modèle. Au niveau économique, les pays au modèle économique extractiviste sont hautement dépendants de l’importation des produits finis provenant de l’extérieur, qu’ils doivent payer plus cher. Cette situation est hautement problématique et constitue pour les économies de l’Amérique du Sud une des causes principales de leurs endettements systémiques.

Au niveau humain, l’extractivisme engendre des violences et des torts directs aux populations des pays du Sud, particulièrement aux peuples autochtones. Sous les impératifs constant et croissant de l’accumulation, les industries extractives nécessitent toujours de plus grands territoires et une plus grande quantité de ressources à exploiter. Cela engendre des processus de dépossession et d’expropriation des territoires et moyens de vie des personnes et principalement  des communautés autochtones. Ces expropriations sont la plupart du temps légalisées, exécutées et légitimées par plusieurs États, en partie à cause de la pression d’accords et d’institutions internationales protégeant les intérêts des multinationales.

Au niveau écologique, le traitement des pays du Sud comme un puits sans fond de ressources à piller sans aucune considération pour les impacts écologiques cause un déséquilibre fondamental des écosystèmes ainsi que la destruction des multiples espèces animales et végétales qui y vivent. ​​​​​​​

Voilà brièvement qui décrit l’extractivisme. Peu importe comment on prétend le réformer, l'humaniser, l’améliorer, peu importe comment les élites et les gouvernements du Nord comme du Sud le présentent, l’extractivisme est toujours d’origine coloniale, toujours violent, toujours écocidaire et toujours intolérable. La COP15 ne reconnaît et ne propose aucune solution à ce problème majeur. Au contraire, elle propose des solutions essentiellement capitalistes qui protègent l’intérêt d’entreprises extractives et renforce la dynamique coloniale de contrôle occidental sur les pays du Sud. S’opposer à la COP15, c’est s’opposer à cette dynamique d’exploitation et d'oppression qu’est l’extractivisme.