Discours de Rage Climatique lors de la grande manifestation du 29 septembre 2023
Bonjour tout le monde
On est ici parce qu’on est en crisse climatique. Parce qu'on est tanné d’être écoanxieux et écoanxieuse.
Bonjour tout le monde
On est ici parce qu’on est en crisse climatique. Parce qu'on est tanné d’être écoanxieux et écoanxieuse.
En début de Manif:
Bonjour tout le monde!
Je tiens d’abord à souligner que les terres sur lesquelles nous sommes rassemblés font partie du territoire traditionnel non cédé de plusieurs peuples autochtones, dont la nation Kanien’keha:ka (Mohawks), et qui a longtemps servi de lieu de rassemblement et d’échange.
La semaine de la Rage Climatique sera l'occasion de mettre de l'avant une écologie radicale, anti-oppressive, anticoloniale et anticapitaliste à travers des ateliers, des manifestations et autres actions de perturbation. Rage Climatique invite tous les groupes et individu·es à organiser des actions de perturbation qui confrontent directement les capitalistes, l'État qui les sert et leurs chiens de garde. L'appel à l'action est accompagné d'un appel à la grève étudiante pour cette semaine qui culminera vers deux grandes manifestations.
Les arbres croulent sous le poids du verglas en mars, les forêts brûlent en mai, les rivières débordent en juillet, l'air est irrespirable depuis des semaines et les seules réponses que nous offrent les gouvernements sont d’agrandir les autoroutes et d'asphalter les rares espaces encore verts de nos villes pour permettre à plus de conteneurs remplis de millions de gadgets de plastique inutiles de transiger jusqu'aux portes de la petite bourgeoisie blasée. Devant l’inaction cynique et les fausses promesses, nous devons agir face à la catastrophe en cours.
Nous, militant·e·s de Rage Climatique, appelons les organisations politiques, communautaires, étudiantes et syndicales à s’unir lors d’une semaine de la rage climatique du 25 au 29 septembre. Il est impératif de nous saisir de cette semaine pour rappeler que nous ne nous laisserons pas berner par les politicien·ne·s opportunistes qui nous disent qu'il n'y a plus rien à faire ou qu'iels prennent les choses en main, selon l'humeur du moment. Nous n'attendons plus rien de la classe politique, mais il est encore possible et nécessaire d'agir collectivement en luttant contre ce système extractiviste, colonial et écocidaire, qui préfèrent le profit à la vie.
Trente ans après le Sommet de Rio, il est clair que rien n’a réellement changé. Les 15 COP sur la biodiversité, les 27 COP sur les changements climatiques et les innombrables instances de concertations manipulées par les capitalistes ne nous ont pas fait avancer, mais bien reculer au bord du précipice. Les actions pacifiques, les parades dociles et la négociation ne suffisent plus, il est devenu inévitable de faire monter la pression d’un cran si nous voulons voir des changements concrets. Les responsables de ce massacre ne sont pas des entités abstraites, iels ont des noms et des adresses! Ce système de croissance infinie qui oblige à la rentabilité est responsable de la destruction de notre planète. Nous ne devons pas leur laisser le choix, cette semaine de la Rage Climatique doit être l’appel à un changement radical de système, plus juste et plus respectueux de la Terre qui nous nourrit.
Depuis 2019, le mois de septembre est synonyme de grèves pour la justice climatique. Malgré les mobilisations larges, chaque année nous entendons les mêmes promesses creuses et chaque année dès que nous rentrons sagement, nous nous retrouvons devant l'inaction et revivons les mêmes déceptions. Mais nous refusons de baisser les bras devant la machine de mort du capitalisme et nous allons continuer la lutte pour mettre fin de ce système injuste et écocidaire.
Dans un esprit d'escalade des moyens de pression, Rage Climatique invite les associations étudiantes, les groupes communautaires et les syndicats à entrer en grève du 25 au 29 septembre, en mettant l'accent sur le 28-29. Nous appelons à une grève générale qui dérangera réellement l'ordre établi, à la mise en action, au sabotage, aux perturbations, aux déploiements de bannières et à toutes actions fortes de revendications contre le cynisme de celleux qui ont déjà tout. Cette semaine culminera lors de deux manifestations le 28 et le 29 septembre.
Voici un exemple de proposition de mandat de grève à faire adopter par vos AG.
Plusieurs activités sont déjà prévues durant la semaine de la Rage Climatique, n'hésitez pas à nous écrire pour ajouter la vôtre.
Le 28 septembre se tiendra une manifestation sous le thème "Écrasons la culture du char!" organisée conjointement avec Climate Justice Montreal. Par la suite, le 29 septembre, nous co-organisons, avec une coalition de groupes, une manifestation de la rage climatique qui se veut une alternative aux traditionnelles "marches pour le climat" institutionnalisées du dernier vendredi de septembre, pour proposer une vision anti-oppressive et anticapitaliste de l'écologie.
En milieu de semaine, nous organisons aussi une journée complète d'ateliers de formation et d'éducation populaire. S'il ne pleut pas, cette journée de formation se tiendra au Parc Lafontaine à partir de 9h le matin le mercredi 27 septembre.
Rage Climatique est une organisation qui invite à dépasser l'écologie de façade des grandes compagnies qui nous proposent des pailles en carton au lieu de repenser l'organisation de la société. Née à l'automne 2022 pour lutter contre la COP15 à Tiohtià:ke (Montréal), que nous avions déjà identifiée comme le chant du cygne d’un monde qui croit le capitalisme compatible avec la pérennité du vivant. Nous avions pointé l’hypocrisie et le greenwashing dans cette concertation internationale qui n'a fait que se découper les parts du gâteau en faisant fi des populations locales.
Nous faisons face à un système socio-économique qui privatise, détruit et exploite les écosystèmes et les personnes. Au sein de la société capitaliste dans laquelle on vit, il n'y a pas de solution pour le vivant. Pourtant, l'État et les compagnies privées sont prêtes à toutes les horreurs pour protéger cette machine de mort. Face à ce constat, c'est notre devoir d'assumer notre rage collective et de la laisser émerger comme une force de lutte capable de construire de nouveaux mondes.
Y'en a pas!
L’écoanxiété apparait puisqu’on est bombardé·e·s de statistiques portant sur le réchauffement climatique, de rapports scientifiques affirmant l’irrévocabilité des dommages environnementaux et d’images médiatiques qui laissent croire que les changements climatiques sont l’installation lente de la fin du monde et d’une multitude de catastrophes qui sont le résultat des décisions de chacun·e·s d’entre nous qui n’auraient pas choisi le bon produit au marché. L’écoanxiété apparaît donc comme un sentiment de détresse, de paralysie et d’impuissance face à la réalité de la crise climatique.
Le discours de la crise climatique a trop longtemps été accaparé par les entreprises et les médias qui ont mis de l’avant des solutions insatisfaisantes.
Depuis quelques années, des mouvements autochtones réclament la reconnaissance des droits ancestraux sur leurs territoires et la pleine souveraineté sur ceux-ci. C'est le cas du mouvement Ekoni Aci (Atikamekw) et du Collectif Mashk Assi (Innue). Ces communautés sont au cœur de la lutte pour la protection du territoire contre les coupes forestières et les claims miniers, et pour le respect des droits ancestraux.
S’il y a eu des contre-sommets et des manifestations lors de sommets internationaux dans les années 1980, par exemple à Berlin Ouest, ou contre le Forum économique mondial à Davos en Suisse dans les années 1990, c’est vraiment le Sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, en novembre 1999, qui a lancé la tradition des mobilisations altermondialistes.
En vue de la prochaine rencontre de la COP15, on apprend que le gouvernement canadien ferait partie de la «Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les peuples». Selon le site internet de la coalition, celle-ci «œuvre en faveur d’un accord mondial visant à protéger au moins 30 % des terres et des océans de la planète d’ici à 2030 lors de la 15e conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP15)»