Depuis maintenant une décennie, les chef·fe·s héréditaires Wet’suwet’en et des gardien·ne·s du territoire ont lutté contre la construction de la phase 1 du pipeline Coastal GasLink (CGL). Une unité hyper-militarisée de la Gendarmerie Royale Canadienne (GRC), la C-IRG (maintenant renommée Critical Response Unit) a envahi à plusieurs occasions le Yintah, territoire ancestral Wet’suwet’en, arrêtant des défenseur·euse·s du territoire à l’aide d’armes, de chiens policiers et de séances de torture. Des militant·e·s poursuivent actuellement en justice la GRC, pour violation de leurs droits inscrits dans la Charte canadienne.
Au cours des années qui ont précédé l’opposition à la Phase 1 du CGL, les chef·fe·s héréditaires Wet’suwet’en et les gardien·ne·s du territoire ont établi et renforcé des liens avec des communautés autochtones alliées sur l'Île de la Tortue. Grâce à cette préparation, quand la GRC a envahi le Yintah en 2020, des allié·e·s Autochtones et allochtones ont répliqué en bloquant des infrastructures ferroviaires. Cela a constitué un moment charnière du mouvement « Land Back », particulièrement pour des militant·e·s blanc·he·s canadien·ne·s, qui ont été mobilisé·e·s pour leur première fois à prendre des risques en solidarité avec un mouvement Autochtone. Grâce à cette résistance soutenue et répandue au pipeline CGL, le projet a été significativement retardé, ce qui a entraîné des milliards de dollars en coûts supplémentaires.
Malgré les coûts d’exploitation faramineux imposés à TC Energy, KKR et AIMCo (propriétaires et opérateurs du CGL), ces entreprises ont récemment lancé la Phase 2 de CGL, qui doublerait la capacité du pipeline. Ce nouveau projet ajouterait plusieurs stations de compresseurs le long du tracé de CGL, rasant de nouvelles zones pour y établir des campements de travailleur·euse·s, brûlant du méthane pour s’alimenter en énergie, et nuisant aux communautés Autochtones et à l’environnement avec plus de bruit et de pollution. Si le pipeline CGL est mis en opération, il risquera, en cas d’incident, d’empoisonner plusieurs rivières abritant des populations de saumons, et de perturber des écosystèmes forestiers, riverains et marins complexes, qui sont tous centraux dans les modes de vie et les cultures millénaires des Autochtones. Les communautés Wet’suwet’en appellent désormais leurs sympathisant·e·s et allié·e·s à se préparer pour des actions en solidarité avec leur lutte.