L’imaginaire des luttes environnementales au soi-disant Québec est particulièrement influencé par les luttes qui se sont déroulées en France, au États-Unis et en Grande-Bretagne. Si on s’intéresse aux dernières années, on peut penser à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, aux soulèvements de la terre, à Standing Rock, au mouvement Earth First ou aux actions d’Extinction Rebellion, si on s’intéresse aux dernières années. Le présent atelier entend présenter une autre tradition, largement méconnue, qui influence les luttes environnementales contemporaines : la tradition allemande.
Depuis le mouvement anti-nucléaire dans les années 1980, les luttes environnementales en Allemagne se sont développées en tant que mouvement de masse radical capable à la fois de tenir un discours radical dans l’espace public et de supporter des actions d’éclat à la frontière de la légalité bourgeoise. En organisant des camps climat capables de rassembler plusieurs milliers de manifestant.e.s, le mouvement allemand est parvenu à faire des manifestations, des blocages et des sabotages impressionnants sans pour autant provoquer de rupture entre les éléments plus radicaux et les plus modérés. Également, le mouvement allemand a développé dans les dernières années une infrastructure solide et des pratiques d’inclusion sérieuses lui permettant de renouveler ses pratiques et d’accueillir en son sein des personnes qui s’éloignent du profil habituel des militants écolos dans les pays du Nord.
Pour toutes ces raisons, nous croyons qu’il est important de se pencher sur le mouvement allemand afin de voir ce qu’il peut nous apporter. L’atelier proposé durera une heure et demi et sera divisé en deux blocs.
Dans le premier bloc, nous ferons un bref aperçu historique des différentes luttes de 2006 à 2023 en prenant en compte la diversité des modes d’action : occupation de forêts, blocages monstres, camp climat, action directe. Ensuite, nous nous pencherons plus spécifiquement sur les actions de masse afin de voir en quoi le modus operandi de des groupes comme Ende Gelände diffère des actions à la XR, mais aussi des actions françaises qui suivaient le modèle ZAD. Nous verrons également comment Ende Gelände s’inscrit dans une même tendance que les Soulèvements de la terre et comment les pratiques de ces deux organisations constituent des modèles intéressants pouvant être adaptés aux luttes ici.
Le deuxième bloc laissera la place à une discussion dirigée sur les tactiques et stratégies à mettre en place dans les groupes existants pour structurer le mouvement écologiste. Comment imaginer dans un an, deux ou trois ans, la mise en place d’un réseau, d’un regroupement écologiste capable de s’inspirer de ces bases. Est-ce que la stratégie d’Ende Gelände est souhaitable ? Quelles sont les avantages, désavantages et limites de ces méthodes d’organisation ?
|